Savez-vous que l'Ancien Empire égyptien qui construisit les pyramides s'est effondré lors d'un changment climatique? Que l'ère des dinosaures ou que des simulations de l'atmophère martienne peuvent nous fournir de précieux renseignements sur la façon dont les climats vont évoluer? Que de la viande artificielle pourrait nous permettre de lutter contre le réchauffement climatique? Si vous voulez en découvrir plus là-dessus ainsi que sur beaucoup d'autres sujets, je vous propose mon livre Climats du futur: une fascinante enquête au coeur de la communauté scientifique pour seulement 2,99 euros chez Amazon que vous pourrez lire immédiatemment avec Kindle. Pour y accéder il suffit de cliquer sur ce lien. Le changement climatique est une des plus importantes questions que notre civilisation devra adresser durant ce siècle. Il aura des répercussions majeures sur notre avenir que ce soit au niveau strétégique, militaire ou encore du sytème économique. Quelque soit votre domaine d'expertise vous ne voulez donc pas passer à côté de ces informations étonnantes.


lundi 16 juin 2008

Des bactéries responsables du changement climatique?


La communauté scientifique est en train de vivre une des polémiques des plus étranges. Des scientifiques affirment que le changement climatique est dû à des bactéries consommatrices d’azote et non aux émissions de dioxyde de carbone générées par les activités humaines. Le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) aurait-il omis de prendre en compte un élément capital dans ses modèles ? Enquête.

George V. Chilingar (Department of Civil and Environmental Engineering, département d’ingénierie civile et environnementale, University of Southern California), est un des chercheurs qui soutiennent cette théorie avec O. G. Sorokhtin et L. F. Khilyuk. Il a été un conseiller de Ronald Reagan et de l’Organisation des Nations Unies. En outre il explique avoir « conseillé le Président George W. Bush de ne pas signer le protocole de Kyoto.». Il affirme aussi que « Le prix Nobel de physique George A. Olah est en accord avec (leur) théorie.»
O. G. Sorokhtin (institut d’océanologie de l’académie russe des sciences)
L. F. Khilyuk (Department of Civil and Environmental Engineering, département d’ingénierie civile et environnementale, University of Southern California)
« L’hypothèse que le réchauffement global est dû à une augmentation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère est un mythe. Les êtres humains ne sont pas responsables de l’augmentation de température de 0. 56°C durant le siècle passé. Ceci s’explique par des forces naturelles qui réchauffent l’atmosphère. »[1] estiment Sorokhtin, Chilingar et Khilyuk.
Ces auteurs proposent ensuite un modèle qu’ils nomment la théorie adiabatique de l’effet de serre. D’après cette dernière « Le réchauffement actuel, qui commença au 17e siècle –c'est-à-dire avant la révolution industrielle – est temporaire et déterminé par des fluctuations de l’énergie solaire. »

Ce graphe, présenté par ces scientifiques, montrerait la corrélation entre l’évolution de la température et l’activité solaire.

"Mais l’évolution générale est au refroidissement. Une nouvelle ère glacière a commencé. ». Pour les auteurs, dans 400 millions d’années, tous les continents à des latitudes moyennes seront couverts de glaciers. « Au niveau de la ceinture équatoriale, les régions en altitude seront sous les neiges. ». Ce refroidissement serait dû à des bactéries qui consomment de l’azote, le principal constituant de notre atmosphère (l’oxygène ne représente que 21 % de la composition de l’air). Le fait que de l’azote soit retiré de l’atmosphère ferait diminuer la pression de cette dernière. Lorsque la pression d’un gaz chute sa température va décroître - cette caractéristique des gaz est utilisée pour générer du froid dans les réfrigérateurs - . Dans notre cas, ce phénomène amènerait donc à un refroidissement de la Terre. Pour ces chercheurs, les périodes glacières précédentes ont également été générées par de tels phénomènes en rapport avec des activités bactériennes. A l’inverse, des périodes plus chaudes ont pu être amenées par une augmentation de pression atmosphérique, par adjonction d’oxygène par les plantes par exemple.

LA FIN DE LA VIE SUR TERRE
Pourtant, d’après ce modèle, dans 600 millions d’années, cette période de froid s’achèverait. De l’oxygène créé lors de la formation du noyau terrestre ne serait plus intégré dans le fer contenu dans le manteau de notre planète, ce dernier étant alors totalement ‘’saturé ‘’ de ce gaz. Cet oxygène irait alors dans l’atmosphère en faisant augmenter sa pression. Une élévation de pression d’un gaz amène à une hausse de sa température (il s’agit de l’inverse du phénomène que l’on a vu avec le refroidissement de l’atmosphère). Dans ce cas, l’accroissement de pression atmosphérique induirait une élévation de température sur notre planète jusqu’à plus de 400°C. La situation continuerait ensuite à empirer : « Dans 1,5 milliard d’années, les océans vont se mettre à bouillir. ». Ce serait alors la fin de la vie sur la planète bleue.

D'OU VIENT LE CO2?
Pour ces auteurs, l’accroissement du taux de dioxyde de carbone atmosphérique n’est pas la cause d’une élévation de température sur Terre, mais sa conséquence ! D’après eux, les océans serait le plus grand réservoir de CO2 sur Terre –ils en contiendraient 92 fois plus que l’atmosphère - une élévation de température le ferait sortir de l’eau et aller dans l’air. L’idée est que plus un liquide est chaud, moins il peut contenir de gaz dissous en son sein. Ce phénomène peut être observé en prenant deux verres et en mettant de l’eau chaude dans l’un et de la froide dans l’autre. Au bout d’un moment on voit des bulles apparaître sur les parois du récipient contenant l’eau chaude et non sur celui avec la froide. Ces bulles sont faites de gaz qui se fait ‘’exclure’’ du liquide, celui-ci ne pouvant pas le contenir. Dans une telle situation sur Terre, les océans émettraient donc d’après ces scientifiques de gigantesques quantités de CO2 dans l’atmosphère.

Ce graphique, réalisé à la station de Vostok en Antarctique, montre l’évolution parallèle de la température et de la concentration atmosphérique de CO2. On y remarque que le changement de température précède toujours celui du taux de dioxyde de carbone atmosphérique.

L'EFFET RAFRAÎCHISSANT DU CO2
Une fois ce dioxyde de carbone dans l’atmosphère, que va-t-il induire comme conséquences ? Pour le GIEC (Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat) le dioxyde de carbone est un gaz à effet de serre et induit donc un réchauffement de la planète. D’après ces chercheurs, c’est le contraire ; il va amener à une diminution de température ! Ils énoncent que si on substituait notre atmosphère par une autre entièrement constituée de dioxyde de carbone, il ferait plus froid. Ils arrivent à cette étonnante conclusion en considérant entre autres que les éléments constituant une telle atmosphère(les molécules) sont 1.5 fois plus lourds que ceux de l’air. Ces ‘’pesantes’’ molécules vont avoir une plus grande propension à absorber la chaleur qui nous provient du Soleil en se mettant à bouger. Ces déplacements des molécules vont faire que le gaz devient moins dense. Pour illustrer cette situation on peut prendre le cas d’autos tamponneuses ; la nuit, lorsqu’elles sont à l’arrêt, on peut les parquer côte à côte afin qu’elles ne prennent pas beaucoup de place. Mais le jour, alors qu’elles sont en mouvement, elles vont se déplacer sur une plus grande surface. Il en va de même avec un gaz qui, chauffé, va se dilater. Ce faisant, il devient plus léger - vu qu’il est moins dense - et va monter, d’après ces scientifiques, jusque dans la stratosphère (une couche de l’atmosphère se trouvant entre 10 et 50 km. au-dessus du sol). Il s’agirait d’un phénomène similaire à celui utilisé pour faire fonctionner les montgolfières. Dans ce cas, on réchauffe l’air qui se trouve sous le ballon. Le gaz s’étend et devient ainsi plus léger que celui qui l’entoure. Il monte alors en emportant la nacelle avec lui.
Dans leur modèle climatique, une fois cet air chaud dans la stratosphère, il va se refroidir par radiation, c'est-à-dire que la chaleur du gaz va être transformée en ondes qui partiront dans l’espace.
L’air chaud, monté dans l’atmosphère, va être remplacé par du froid qui est plus lourd que l’air environnant et va donc descendre. On appelle convection ce type de mouvements de masse d’air. C’est ainsi, d’après ce livre, que le dioxyde de carbone a un effet rafraîchissant en augmentant ces déplacements.
Un autre gaz qui est généralement considéré comme réchauffant la planète est le méthane. Pour les auteurs, comme dans le cas du CO2, il aurait comme résultat de rafraîchir l’air suivant le même mécanisme.

LE POINT DE VUE D'AUTRES SCIENTIFIQUES
Par rapport à la thèse que des bactéries consommatrices d’azote pourraient induire des changements climatiques, Frank Poly, un scientifique du Laboratoire d'Ecologie Microbienne de Lyon (France), remarque qu’« Il ne faut pas perdre de vue que d’autres théories connectant les bactéries au climat existent. Par exemple de tels microorganismes, aussi liés à l’azote, produisent du N2O, un gaz à effet de serre. ». Ce phénomène amènerait donc un effet opposé à celui du refroidissement généré par des bactéries suivant le mécanisme énoncé par Chilingar, Sorokhtin et Khilyuk. Les bactéries jouent en effet un rôle dans d’autres processus, comme dans la création de méthane (également un gaz à effet de serre) ou de diméthyle sulfure, un composé qui a la curieuse propriété d’induire la formation de nuages. Werner Aeschbach-Hertig (institut de physique environnementale de l’Université d’Heidelberg en Allemagne) travaille sur des reconstitutions des climats passés. Il a écrit un article dans le journal Environmental Geology qui contredisait les thèses des trois scientifiques. Il craint que ceci ait permis aux auteurs de publier un nouvel article pour y répondre. « Je pense donc qu’il est maintenant mieux que j’ignore ces étranges théories et que je me concentre sur mes travaux scientifiques. Je ne veux pas répondre à des questions sur ces obscures idées. » remarque-t-il. Quand au célèbre sceptique Willie Wei-Hock Soon, il se montre également peu convaincu par l’hypothèse bactérienne. Cet astrophysicien à la Solar and Stellar Division of the Harvard-Smithionian Center for Astrophysics (centre d’astrophysique Havard-Smithionian, division solaire et stellaire) estime que « Les bactéries consommatrices d’azote jouent certainement un rôle dans le climat. La question est : ce phénomène est-il important ? » . Pour répondre à cette interrogation, étant donné qu’aucune estimation chiffrée n’est fournie par rapport à cette hypothèse pour les temps présents par les scientifiques qui la soutienne, il nous faut aller plus loin dans la compréhension du rôle que jouent les bactéries dans cette problématique. L’azote, le carbone, le phosphore, l’oxygène et le souffre sont des éléments nécessaires à la vie. Parmi eux, l’azote a la plus grande abondance dans l’atmosphère et les océans. La quantité de tout cet azote est plus importante que celle des quatre autres éléments ensemble. Mais la plupart de cet azote se trouve dans l’air et ne peut pas être utilisé par la plus grande partie des êtres vivants. C’est là que des bactéries vont jouer un rôle en transformant l’azote qui se trouve dans l’air en d’autres formes qui vont pouvoir être intégrées dans des organismes. Qui ne s’est pas félicité d’avoir trouvé un trèfle à quatre feuilles dans un champ ? Cette plante fait bien plus pour nous que de nous suggérer que l’on va être chanceux. Dans des boursouflures de ces racines elle héberge de ces bactéries qui vont être capables de transformer l’azote.

Le trèfle va transformer de l’azote qui se trouve dans l’air. Grâce à ceci des organismes comme cette coccinelle vont pouvoir utiliser cet élément. (Photo: Gius Cescu/http://www.fotocommunity.fr/pc/pc/mypics/979350)


L'HOMME ET LE CYCLE DE L'AZOTE
Comme l’azote utilisable par le vivant est finalement assez rare, dans beaucoup de milieu les plantes arrêtent de se développer faute de ce précieux élément. Au niveau de l’agriculture, l’homme a décidé de remédier à ce problème en transformant lui-même de l’azote ‘’inutilisable’’ en azote ‘’utilisable’’ pour le donner aux plantes cultivées afin qu’elles puissent mieux se développer. Mais les quantités de ce gaz qui doivent être ainsi modifiées par un processus chimique (appelé Haber-Bosh) sont telles que l’être humain est devenu sur les continents un acteur plus important que la nature dans cette transformation. Cette situation a différentes conséquences, notamment en termes de pollution. Mais celle qui nous intéresse ici est que comme l’azote ‘’inutile’’ est prélevé dans l’air, ce processus fait que l’on retire 100 millions de tonnes d’azote de l’atmosphère chaque année[2].

« UNE INCOMPREHENSION TOTALE DES MECANISMES»
Ceci a-t-il une influence sur le climat suivant le modèle proposé par notre théorie ? Il est relativement facile de se rendre compte que ce n’est pas le cas. Si nous supposons que pendant les 100 dernières années cette quantité d’azote est sortie de l’atmosphère annuellement, le total ne représente que le centième de celui du dioxyde de carbone ajouté dans l’atmosphère par les émissions causées par les activités humaines. (Il s’agit en fait d’une surestimation pour l’azote étant donné que sa transformation a été intensifiée au cours du siècle).
Les auteurs de la théorie estiment que l’influence des émissions anthropiques de CO2 sur la température est inférieure à 0.03°C. Ils arrivent à ce résultat en calculant l’élévation de température en fonction de la variation de pression partielle de CO2 due aux émissions anthropiques suivant le mécanisme décrit plus haut. Pourtant, ils ‘’oublient’’ de prendre en compte l’effet de serre ! Quoi qu’il en soit il est difficile de voir comment il serait possible que les émissions de CO2 anthropiques aient un effet négligeable sur le climat tandis qu’une quantité au moins 100 fois inférieure d’azote puissent amener à un refroidissement de la Terre en considérant les mêmes phénomènes. Quand ils classent les bactéries consommatrices d’azote dans les « modificateurs de climat de premier ordre », qu’ils définissent comme ayant « une importance 10 000 fois supérieure aux émissions anthropiques de gaz à effet de serre », on se rend compte que l’erreur est gigantesque. « Les influences de pressions partielles dues à des modification de la composition de l’atmosphère ont une influence négligeable sur le climat. » explique Urs Neu qui réalise des recherches sur les climats passés au sein de l’académie suisse des sciences. « Il y a une différence de température entre les pôles et l’équateur ou entre le jour et la nuit alors que la pression atmosphérique moyenne entre ces régions géographiques ou les différentes heures de la journée ne changent pas.» continue ce chercheur coauteur du livre Climate Variability and Extremes during the Past 100 years (La variabilité climatique et ses extrêmes pendant ces 100 dernières années). Ce sont des phénomènes radiatifs qui vont déterminer ces variations de température. Comme l’azote n’est pas un gaz à effet de serre, le fait d’en retirer de l’atmosphère n’influence pas de façon notable la température terrestre. Gavin A. Schmidt, un modélisateur de climats au NASA Goddard Institute (Institut Goddard de la NASA) à New York confirme ce point de vue avant de juger que les scientifiques qui ont émis cette hypothèse font preuve d’ « une incompréhension totale du fonctionnement de l’atmosphère.».

LE CO2 ET LE CLIMAT
L’hypothèse bactérienne n’est pas la seule formulée par Chilinar, Khilyuk et Sorokhtin. Que peut-on penser de l’idée que le CO2 a comme effet de refroidir l’atmosphère ? Le mécanisme énoncé plus haut est-il réel ?
Remémorons-nous la théorie : du CO2 absorbe la chaleur et ainsi se dilate, devient plus léger et monte jusque dans la stratosphère où il se refroidit par radiation dans l’espace. Une fois froid, il descend dans l’atmosphère en la rafraichissant.
« Un des problèmes avec cette théorie est qu’un volume d’air chauffé ne va monter que si sa température est supérieure à l’air qui se trouve autour de lui.» explique Urs Neu. C’est effectivement ce que nous avions vu avec l’exemple de la montgolfière : elle monte parce que l’air est plus chaud dans le ballon qu’aux alentours. « Etant donné que le CO2 est réparti de façon relativement égale dans l’atmosphère, le réchauffement dû à l’absorption de chaleur par le CO2 se fait partout.» ajoute le chercheur. Comme pour que des phénomènes de convection se produisent, il faut qu’il y ait des parties de l’air qui soient plus chaudes que d’autres afin d’avoir des différences de masse, dans un tel cas ces mouvements d’air ne vont pas avoir lieu.
Même à supposer que les phénomènes de convection décrits par les auteurs existeraient, l’air chaud ne pourrait pas aller se refroidir dans la stratosphère. En effet, on pourrait imaginer de façon intuitive que plus on monte dans l’atmosphère plus sa température diminue. Ce n’est en fait pas le cas. La stratosphère est plus chaude que le haut de sa couche inférieure, la troposphère (dans laquelle nous nous trouvons). « Ceci fait que les phénomènes de convections ne vont pas pouvoir passer la limite entre ces deux couches. » souligne Urs Neu. En effet, de l’air tiède arrivant dans cette couche va être moins chaud que l’air environnant. Il sera donc plus lourd que l’air qui l’entoure et arrêtera son ascension.

LE DEGAZEMENT DES OCEANS
Nous arrivons maintenant à la dernière affirmation de cette théorie : l’élévation du taux de dioxyde de carbone atmosphérique est-il dû à un dégazement des océans de par une augmentation de température ?
Beaucoup d’éléments amènent à réfuter cette hypothèse. Des techniques (isotopes C12 /C13, radiocarbone) permettent de déterminer si le carbone est d’origine naturelle ou provient de combustions. Ces études montrent que l’augmentation de la concentration atmosphérique de dioxyde de carbone est d’origine anthropique. L’acidification des océans, qui est due à une élévation de la quantité de CO2 qu’ils contiennent, est également un indice allant dans ce sens. Aussi, des reconstitutions de climats passés réalisées à la Station de Vostock en Antarctique (voir le graphe plus haut) montrent que dans les transitions entre une ère glaciaire et interglaciaire, une augmentation de température amène à une élévation du taux de CO2 atmosphérique. Il y a une latence de quelques 800 ans entre ces deux événements. Il n’est donc pas possible que, dans le changement climatique actuel, le réchauffement induise pour l’instant une hausse de la concentration de CO2 atmosphérique.
Les auteurs font également des calculs à partir de la loi d’Henry, une loi physique qui permet de connecter la concentration d’un gaz dissous dans un liquide par rapport à la pression de ce gaz dans l’air. Ceci les amène à la conclusion que du CO2 est sorti des océans, ce qui irait dans le sens de l’hypothèse du dégazement. Pourtant seule la variation de température est prise en compte et non celle de pression partielle de CO2. En introduisant cette dernière on peut arriver à la conclusion inverse (suivant la température choisie). De plus Urs Neu attire l’attention sur le fait que la loi d’Henry n’est pas valable pour de telles considérations. « Beaucoup d’autres processus et facteurs interviennent par rapport à une telle question. Il y a par exemple des zones plus froides dans les océans qui peuvent donc contenir beaucoup de dioxyde de carbone. Cette eau froide, plus dense que celle qui l’environne, va ensuite descendre dans l’océan en ‘’enfouissant’’ ainsi du CO2 de l’atmosphère. ».
Pourtant, même à supposer que les calculs réalisés par les scientifiques soutenant l’idée de dégazement (en utilisant une variation de température de 1°C) soient justes, leur propre résultat infirme leur théorie. Ainsi ils arrivent à la conclusion que le CO2 sorti des océans a induit une augmentation de 13,5 ppm (partie par million, unité de concentration) dans l’atmosphère. Ceci n’expliquerait qu’une fraction de l’élévation réelle, qui est de 100ppm.


LE SOLEIL RESPONSABLE ?
Parmi les modificateurs du climat de 1er ordre figure aussi d’après Sorokhtin, Chilingar et Khilyuk les variations de l’astre du jour. Ils justifient ce point de vue avec le graphique mettant en relation l’activité solaire à la température sur Terre que nous avions vu ci-avant.

Le graphe qui prouverait la corrélation entre l’évolution de la température (courbe épaisse) et l’activité solaire. L’hypothèse est que plus l’activité de notre astre augmente plus l’énergie qui en émane est grande et plus celle-ci va réchauffer l’atmosphère terrestre.

Les auteurs mentionnent que ce graphe provient de 4 références : Grovesman et Landsberg, 1979 ; Jones, 1986 ; Baliunas et Soon, 1995 et Robinson et al., 1996. Cette dernière ne présente en réalité pas ce graphique. Les deux premières fournissent effectivement les données qui ont été utilisées pour réaliser la courbe représentant la variation de température. Ce graphe est également présenté dans Baliunas et Soon, 1995, les auteurs étant deux sceptiques. Il n’est pas possible avec les informations fournies de savoir comment la courbe représentant l’activité solaire a été générée. En effet, cette référence dit que ces données viennent d’un autre texte : Bracewell 1953. Etant donné que le graphique se prolonge après cette date, une ou plusieurs autres sources d’informations ont donc dû être utilisées, sans que les auteurs ne les signalent. Dans ces conditions il est évidemment difficile de faire confiance à un tel graphique et ce d’autant plus que d’autres recherches démontrent qu’il n’est en fait absolument pas crédible. Par exemple en 1991 deux scientifiques, Eigil Friis-Christensen et Knud Lassen, en publiaient un semblable.

Ce graphique montrerait les évolutions liées de la température terrestre dans l’hémisphère nord (en rouge) et l’activité solaire (en bleu) au cours du temps. Il impliquerait donc que notre étoile détermine la température terrestre et que l’effet des gaz à effet de serre serait nul ou peu important. (Il est à remarquer que la Solar cycle lenghts (years), longueur des cycles solaires (en années), est considérée par ces auteurs comme traduisant l’activité solaire. Notre étoile va présenter des cycles de 11 ans. Durant cette période, l’énergie qu’elle émet va augmenter, arriver à un maximum avant de diminuer. Il est estimé ici que des cycles plus courts traduisent une plus grande activité).
En fait les points 1 à 4 ont été obtenus avec des moyens statistiques différents des autres, ce qui fait que leur utilisation dans ce graphique est discutable. En les enlevant, on remarque que la courbe ne peut plus expliquer par des variations de l’activité solaire l’augmentation de température récente.

Les derniers points ‘’douteux’’ de l’activité solaire ont été ici enlevés. On remarque alors que les variations du Soleil ne constituent plus une explication du réchauffement des dernières décennies.

Pourtant, l’affaire n’allait pas s’arrêter là. En 2000, ces scientifiques publient un nouveau graphe similaire, sensé prendre en compte les nouvelles données accumulées depuis leur dernière publication.


Cet autre graphique semble confirmer ce que nous avions vu sur le premier : il y a une augmentation de l’activité solaire qui expliquerait le réchauffement climatique actuel.

Pourtant, un examen de ce nouvel article montrera que les derniers points 1 à 4 ne se trouvaient pas aux bons endroits! Après correction, on obtient :

Le graphe précédent après correction des ‘’erreurs de calculs’’. On remarque de nouveau que des variations de l’activité solaire ne peuvent pas expliquer le réchauffement climatique récent.

DES SCEPTIQUES IMPLIQUES DANS DES IMPOSTURES SCIENTIFIQUES
La question qui peut se poser par rapport à ces graphiques est : les personnes qui les ont réalisés ont-elles délibérément tronqué des résultats afin d’essayer de faire croire que l’astre du jour était responsable du réchauffement climatique? Après tout, n’importe qui peut se tromper. Pourtant, ce que nous voyons avec les sceptiques sont des successions d’élaborations de graphes présentant des séries de mesures qui ne sont pas comparables, l’utilisation de données et l’éviction d’autres sans qu’aucune justification scientifique n’existe, de modifications pures et dures de courbes, etc. Et toutes ces ‘’erreurs’’ tendent à convoyer toujours une seule et même conclusion : les gaz à effet de serre ne jouent pas un rôle important au niveau du climat. D’ailleurs certains de ces graphes suggérant des conclusions erronées ont été largement repris par les médias et ont servi à forger l’opinion publique par rapport à ces questions. Voici quelques exemples :

A gauche, un graphique similaire à ceux que l’on a vu précédemment mais s’intéressant à un période plus longue (en rouge et bleu : les variations de la température et en noir : celles de l’activité solaire). De nouveau on observe une bonne corrélation. Pourtant, ceci a été ‘’truqué’’ de différentes façons malhonnêtes. Une fois corrigé, on obtient ce qui est représenté à droite. On observe que les courbes ne se suivent plus. (La seconde version a été effectuée par le Professeur Peter Laut, un expert de ces questions liant le climat terrestre et notre étoile à l’Université Technique du Danemark.)

Ce graphique est sensé représenter la variation de la quantité de nuages (triangles, carrés et diamants) et celle des rayons cosmiques (en bleu). Il suggère que ces deux évolutions sont corrélées. Le Soleil émet des particules chargées électriquement, un phénomène appelé vents solaires. Ces derniers vont protéger la Terre des rayons cosmiques galactiques, d’autres particules venues de l’espace. (Certaines émaneraient de supernovae, c'est-à-dire de l’explosion d’une étoile, tandis que pour d’autres leur origine reste mystérieuse). Si l’activité solaire augmente, l’intensité des vents solaires en fait de même et donc la quantité de rayons cosmiques atteignant la Terre est moins importante et, d’après ces auteurs, ceci amènerait la couverture nuageuse à diminuer ce qui générerait un réchauffement (pour en savoir plus sur ces questions). En bref, l’idée est de nouveau que le climat terrestre est essentiellement déterminé par le Soleil et non les gaz à effet de serre.

Le dernier graphique après correction. Les courbes n’évoluent de nouveau plus ensemble…













Le premier graphique a été présenté par deux scientifiques, Nigel D. Marsh et Henrik Svensmark. Il représente le même phénomène que celui que nous avons vu ci-avant à l’exception qu’il s’agit là de la relation entre les rayons cosmiques (en rouge) et les nuages de basses altitudes (en bleu) et non plus la couverture nuageuse en général. De nouveau ces valeurs semblent évoluer ensemble. A droite, la version effectuée par le Professeur Jón Egill Kristjánsson, un spécialiste de ces thématiques à l’Université d’Oslo en Norvège. En bas, le même graphe mais les courbes y ont été lissées avec une méthode statistique afin de mieux visualiser les évolutions. Une fois de plus on voit que les courbes ne se suivent en fait pas.

Les scientifiques qui ont publiés ces informations fausses n’ont pas réagit dans le cadre de publications primaires [1] aux critiques qui leur était faites par leurs pairs mais seulement de façon informelle sur leurs sites internet ou par l’intermédiaire des médias. Leurs réponses ne sont en outre scientifiquement pas valides. Ils ont par contre mené une campagne, avec l’aide de journalistes, qui avait comme but de ternir la réputation du Professeur Laut qui, comme on l’a vu, avait montré que leurs affirmations étaient fausses. Leur idée était que s’ils arrivaient à diminuer sa crédibilité ils pourraient minimiser l’impact de ses publications. Les accusations portées par ces chercheurs dans ce cadre étaient mensongères.

[1] Une publication primaire est un article scientifique qui a été accepté par des experts du domaine en question. Ce processus a été mis en place afin d’assurer que les informations sont en accord avec les connaissances au moment de la publication. Ces textes sont considérés comme étant les plus importants étant donné qu’ils ont traversé ce processus de sélection.

LE CLIMATEGATE
Il est intéressant de voir que l’existence de telles manipulations de la part de sceptiques reste largement méconnue du grand public alors que des scandales scientifiques fictifs qui impliqueraient des personnes qui les contredisent vont avoir un impact colossal. C’est le cas du Climategate. Il s’agirait, d’après certains, d’un incident survenu en 2009, au cours duquel il aurait été montré que des climatologues auraient modifié des informations afin d’étayer la thèse stipulant que les activités humaines ont une large responsabilité dans le changement climatique actuel. Cette situation a commencé lorsque des centaines de documents ont été volés dans une université au Royaume-Uni. Sur tout ce volume d’information, essentiellement le seul élément ‘’compromettant’’ que les sceptiques ont présenté consiste en un passage d’un courriel d’un climatologue, le Dr. Philip D. Jones, à un autre cité hors contexte. Il s’agit de la phrase "I've just completed Mike's Nature trick of adding in the real temps to each series for the last 20 years (i.e. from 1981 onwards) and from 1961 for Keith's to hide the decline." soit « Je viens de terminer le truc utilisé par Mike dans Nature qui consiste à ajouter les vrais températures à chaque série pour les derniers 20 ans (c’est-à-dire à partir de 1981) et de 1961 pour celles de Keith pour cacher le déclin.)". Ce passage fut présenté comme étant une preuve que les scientifiques avaient modifié des données afin de cacher une diminution des températures terrestres.
La réalité est très différente de cette interprétation. Le chercheur qui a rédigé ce texte était en train de réaliser une courbe présentant la variation de la température ces 1000 dernières années dans l’hémisphère nord. A partir de la deuxième moitié du 19e siècle nous possédons de bonnes mesures de la température effectuées avec des thermomètres. Depuis des stations météorologiques à un grand nombre d’emplacements sur le globe ainsi que des appareils à bord de bateaux permettent d’avoir des informations de plus en plus précises. Des satellites donnent également la possibilité de recueillir des indications par rapport à la surface des océans ou le sol. Pourtant, pour les périodes se trouvant avant que ces dispositifs aient été mis en place, il a été nécessaire de trouver d’autres moyens pour se procurer des données.

UNE GIGANTESQUE MEMOIRE DES CLIMATS PASSES
Par exemple imaginez un bloc d’acier qui contiendrait des ouvertures permettant d’y introduire un thermomètre. Si vous en chauffiez une des faces vous verriez la température s’élever au niveau du thermomètre le plus proche de cet endroit. Progressivement la chaleur se répandrait dans le métal et atteindrait les autres. Si vous arrêtiez alors de le réchauffer vous observeriez au contraire la température décroître sur le thermomètre le plus proche et ensuite sur les suivants. Cet objet fournit donc la possibilité de déduire ce qui s’est produit dans le passé en observant la température à une certaine distance du côté chauffé, la chaleur ayant mis du temps pour diffuser. On peut alors se dire que si notre planète agissait de la même façon elle constituerait une gigantesque mémoire des climats passés. Et c’est effectivement le cas! Les scientifiques vont donc faire descendre des thermomètres dans des excavations réalisées pour des mines (ou dans des trous dans la glace suivant les latitudes) et mesurer les températures à différents endroits sous la surface. Plus ils vont profondément plus ils recueillent des indications sur des climats anciens, étant donné que, comme dans le cas du cube, lorsque par exemple le sol devient plus tempéré à cause d’un réchauffement, il faut du temps à cette chaleur pour qu’elle se répande à l’intérieur du globe.

800 000 ans ANS DE CLIMATS PRIS DANS LES GLACES
Mais d’autres méthodes permettant d’atteindre des résultats plus précis ont été mises en place. Par exemple dans certains emplacements la neige va s’accumuler année après année. C’est le cas par exemple sur les glaciers mais également au Groenland ou en Antarctique.


Le Groenland est une île qui se trouve en Arctique, une région localisée autour du pôle Nord. Ce dernier est placé sur un océan gelé, l’océan Arctique, dont on voit une vue prise depuis le sous-marin nucléaire SSN-718 après qu’il ait fait surface près de ce pôle. Outre les ours blancs (ici très curieux de cette apparition sur leur territoire ; un passa presque 2 heures à inspecter le navire), c’est là que vivent les esquimaux. L’Antarctique quant à lui est un contient plus grand que l’Europe qui se trouve dans la région du pôle Sud et qui a été découvert au 19e siècle. C’est l’emplacement le plus froid de notre planète, les températures y descendant jusqu’à -90°C. Il n’a pas été colonisé par les êtres humains à l’exception de scientifiques qui y résident pendant quelques mois dans le cadre de recherches. On y rencontre par contre beaucoup de manchots. Il est généralement estimé que ces oiseaux vivent exclusivement dans des climats froids; en réalité on peut les observer jusque dans les régions équatoriales, comme sur les côtes africaines !

Dans la neige, qui va progressivement se transformer en glace, subsistent de petits espaces. Il est possible de réaliser une carotte et d’ainsi avoir accès à ces bulles. Celles-ci fournissent des indications sur la composition de l’air au moment où il a été emprisonné, par exemple en ce qui concerne les concentrations de gaz à effet de serre qui existaient alors. Cette méthode fournit aussi des informations permettant d’estimer les températures du passé. Par exemple, des pollens vont se trouver dans ces minuscules orifices. Les scientifiques peuvent déterminer à quelles plantes ils appartiennent et donc pouvoir estimer, en connaissant la flore, quel climat régnait à un moment donné.


Un laboratoire dans lequel se trouvent des carottes de glaces. Ces dernières permettent de reconstituer les climats terrestres sur plus de 800 000 ans. Cette période couvre plusieurs ères glacières et remonte à des époques où la Terre était peuplée d’hommes préhistoriques, les ancêtres des hommes de Neandertal. Ceux-ci devaient être loin d’imaginer, en voyant tomber la neige, qu’un jour elle servirait à leurs descendants qui l’analyseraient avec des appareils complexes afin d’avoir des informations sur les climats du passé dans le but de pouvoir prévoir l’effet d’engins qui ont comme conséquence de changer le climat de la planète bleue. Comment auraient-ils pu imaginer que des machines, les lointains successeurs de leurs pierres taillées, puissent un jour se retourner contre leurs créateurs et mettre en péril l’avenir de l’humanité ?

LA CLIMATOLOGIE ET L'ERE NUCLEAIRE
Le fait que nous soyons entrés dans l’ère nucléaire fournit une aide inattendue aux climatologues. En effet, l’utilisation de cette énergie ne s’est pas faite sans accidents et surprises. Par exemple Космос-954 était un satellite nucléaire espion soviétique utilisé pour repérer les navires de guerre, généralement les bateaux et sous-marins de l’OTAN. En 1978 il s’écrasa dans le nord du Canada, dispersant 50 kg d’uranium hautement enrichi.
A partir de la deuxième guerre mondiale l’espace commença à jouer un rôle stratégique d’un point de vue militaire avec l’utilisation des missiles V2 qui vont être lancés sur des villes comme Londres ou Paris par les nazis. Pendant la guerre froide ce phénomène va se renforcer. Ainsi, à partir de 1973, dans le cadre d’un programme hautement secret nommé Almaz, les Soviétiques mettent en place des stations spatiales militaires autour de notre planète.


Cette vue montre une station spatiale soviétique. Au deuxième plan on observe un module qui y amène trois cosmonautes depuis la Terre.

Par exemple une d’elles, Salyut 3, utilisa un canon pour détruire un satellite au cours d’un exercice. De l’autre côté du rideau de fer, en 1962 les Etats-Unis testèrent des bombes atomiques dans l’espace.

Une bombe atomique photographiée dans le cadre de l’Opération Dominic, une suite de tests qui furent réalisés par les Etats-Unis de 1962 à 1963. Certains d’entre eux prirent place dans l’espace et eurent des conséquences surprenantes.


Un de ces essais, nommé Starfish Prime, généra une ceinture radiative autour du globe qui mit hors service un tiers des satellites se trouvant sur des orbites basses. Un autre, Kingfish, causa des modifications considérables de l’ionosphère, une couche de plasma entourant notre planète (un plasma est une substance dans laquelle une partie des particules sont chargées électriquement. Ce que l’on peut observer à l’intérieur d’un néon sous tension en est un exemple). Cette explosion généra également des aurores boréales artificielles extrêmement intenses à différents endroits du globe (une bombe nucléaire émet des particules chargées électriquement qui, dans ce cas, vont se déplacer autour de la Terre en suivant les lignes du champ magnétique, ce champ qui fait que l’aiguille d’une boussole va pointer vers le nord. Ces particules vont ensuite générer des aurores boréales).
En 1961, un bombardier B-52 a un accident aux Etats-Unis. Une de ces bombes nucléaires tombe dans un champ boueux où elle s’enfouit à sept mètres de profondeur. Après étude, il est établi que cinq des six dispositifs de sécurité n’ont pas fonctionné; un simple commutateur a empêché la détonation de cette bombe équivalant à 2,4 millions de tonnes de TNT, 160 fois plus puissante que celle qui a été lancée sur Hiroshima! Dans des accidents survenus en mer il est arrivé que des armes nucléaires ne soient pas retrouvées.
En 1986 la centrale de Tchernobyl en ex-URSS rencontrait des problèmes graves amenant du matériel nucléaire, qui continuera à émettre pendant au moins 100 000 ans, à se trouver à l’extérieur du réacteur numéro 4.

Une ville aux abords de Tchernobyl abandonnée depuis un quart de siècle. (On observe à l’horizon à droite la centrale).

Des régions aussi éloignées que l’Amérique du Nord ou les montagnes du Pamir en Chine sont touchées. De façon générale, tout l’hémisphère nord est particulièrement contaminé. Cette catastrophe fit que 400 fois plus de matériel radioactif se trouva dans l’atmosphère que lors de l’explosion de la bombe lancée sur Hiroshima. Pourtant les essais nucléaires réalisés dans les années 50 et 60 que l’on a vu plus haut ont généré jusqu’à 1000 fois plus de radioactivité que Tchernobyl lui-même!
D’autres accidents similaires à cette catastrophe sont survenus. Par exemple en 2007 au Japon, une centrale a été endommagée par un tremblement de terre. Ceci causa des incendies ainsi que des fuites de matériel radioactif.

DES CHAMPIGNONS QUI AIMENT LA RADIOACTIVITE
Il est étonnant de constater que l’homme a domestiqué l’énergie nucléaire alors qu’il est paradoxalement l’être vivant qui est le plus sensible aux radiations. (Il est à noter que d’autres organismes utilisent cette énergie. C’est le cas de champignons qui se sont multiplié à l’intérieur du réacteur endommagé de Tchernobyl. Ces curieuses entités se développent plus rapidement si elles sont irradiées. Elles aiment tellement la radioactivité qu’elles vont préférentiellement pousser dans de tels environnements et certaines vont même croître en s’orientant en direction de la source radioactive !). L’idée de laisser une trace pour la postérité, comme l’on fait les Egyptiens avec les pyramides, peut être attrayante pour une civilisation. La nôtre a atteint ce but … en générant une strate géologique enrichie en uranium. Les climatologues exploitent les retombées d’accidents ou de tests étant donné qu’il est possible de retrouver des bandes radioactives qui leur correspondent au niveau de carottes de glace. Le moment où sont survenues ces contaminations étant connu, on peut les utiliser pour la datation.
Un autre type d’événements utiles à cette fin sont les éruptions volcaniques. En effet, celles-ci vont émettre dans l’atmosphère des cendres qui vont, au bout d’un certain temps, aussi retomber et générer des couches dans la neige. Ceci a même permis aux scientifiques de découvrir des éruptions dans le passé qui étaient jusque là inconnues.

LORSQUE LE NORD DEVIENT LE SUD
Le champ magnétique terrestre fournit aussi un moyen de dater la glace. L’intérieur de la terre est très chaud de par le fait qu’il contient des matériaux radioactif, comme de l’uranium, qui vont émettre de la chaleur dans le cadre de réactions nucléaires. Il va ainsi exister dans notre planète de gigantesques masses de fer liquide qui, de par la rotation de l’astre, vont être en mouvement et générer ainsi le champ magnétique. Des changements dans ces déplacements peuvent amener à ce que ce champ s’inverse, c'est-à-dire qu’une boussole ne pointerait plus vers le pôle Nord mais vers le Sud! Ce phénomène était connu des scientifiques entre autres grâce au fait que certaines roches vont avoir des éléments qui s’organisent suivant les lignes de ce champ. Ces minéraux permettent donc d’étudier comment celui-ci a varié au cours du temps et de dater ces changements. Il a été récemment mis en évidence, au niveau de la dernière de ces inversions il y a quelque 780 000 ans, qu’une telle modification laisse également des traces détectables dans la glace et fournit donc un éléments supplémentaire permettant de la dater.

« CACHER LE DECLIN »
Une des méthodes très utilisées pour reconstituer les températures du passé est la dendrochronologie, l’étude des anneaux de croissance des arbres. L’idée est que plus il a fait chaud, plus la plante a grandi et donc que plus le cerne qui correspond à cette année doit être épais. Pourtant, dans certains cas d’autres facteurs peuvent entrer en ligne de compte comme la quantité d’eau que le végétal reçoit.
Mais revenons au Climategate et au chercheur qui réalise la courbe de la variation de la température ces derniers 1000 ans. Une partie des informations utilisées proviennent de la dendrochronologie. A priori on pourrait s’attendre à ce que les courbes qui sont issues de ces données rejoignent pour les périodes récentes celles obtenues grâce aux mesures instrumentales (c'est-à-dire avec des thermomètres ou des satellites). Pourtant ce n’est pas le cas parce que celles déduites avec les arbres sont trop faibles pour les données couvrant ces dernières décennies - la ou les raisons de ceci ne sont pas déterminées et ce problème est en cours d’étude - . Lorsque le chercheur mentionne le déclin de température, c’est à celles-ci qu’il fait allusion. Ce problème est connu des scientifiques depuis longtemps et des publications primaires sont apparues par rapport à cette question il y a 12 ans déjà. Il n’y a donc rien eu de secret contrairement à ce que prétendent les sceptiques! Si l’on reprend la phrase dans son contexte tout devient clair. Elle va ainsi: « Je viens de terminer le truc utilisé par Mike dans Nature qui consiste à ajouter les vraies températures à chaque série pour les derniers 20 ans (c’est à dire à partir de 1981) et de 1961 pour celle de Keith pour cacher le déclin. ». Ce qu’écrit le scientifique en clair et que comme l’avait fait certains de ses collègues (Mike désigne Michael E. Mann, l’auteur principal) dans une publication présentant une reconstitution similaire dans la revue scientifique Nature, il n’a pas pris en compte les données dendrochronologiques après 1981 (ceci faisait presque 20 ans au moment où ce courriel à été rédigé en 1999) et 1961 pour d’autres étant donné qu’il était connu qu’après ces dates elles ne représentaient plus les températures réelles.
Une autre critique qui a été faite dans le cadre du Climategate est que des chercheurs ont refusé de partager des informations avec des sceptiques. Par rapport à ceci voir cet article, en particulier le chapitre Il y a aussi des enjeux financier dans lequel je traitais cette problématique après avoir interviewé le Professeur Philip D. Jones (le scientifique qui devint le nom principal dans ce prétendu scandale) plus d’une année avant qu’elle ne soit mise en exergue par les médias.

L’ ETRANGE ROLE DE SARAH PALIN
Plusieurs enquêtes indépendantes vont montrer qu’il n’y a rien de suspicieux dans les documents qui ont été volés. Pourtant des médias allaient reprendre la thèse des sceptiques en prétendant que ces informations montraient que des climatologues avaient modifié leurs résultats. Par exemple alors que le UK Telegraph titrait « C’est le pire scandale scientifique de notre génération », le Financial Times écrivait sous la plume de Clive Crook, le rédacteur en chef de The Atlantic et anciennement au même poste à The Economist « L’esprit borné de ces supposés hommes de sciences, leur volonté de défendre sans limite leur message préconçu, est surprenant même pour moi. La puanteur de la corruption intellectuelle est insoutenable. Mon Dieu. C’est du pur George Orwell. » (Ce dernier est l’auteur du roman 1984 qui met en scène un monde dans lequel il existe un contrôle sur les informations qui parviennent au public et donc de leur pensée, le concept du Big Brother. Il est également l’auteur du livre La Ferme des animaux. )
Le fait que le Climategate prit place juste avant la conférence de l’ONU de Copenhague, qui avait comme but de tenter de chercher des solutions au problème du changement climatique, ne semble pas fortuit étant donné que cet événement va être utilisé pour essayer de discréditer cette réunion. Par exemple, Sarah Palin, l’ancienne candidate au poste de vice-président des États-Unis et gouverneur de l’Alaska, écrit dans un article publié par The Washington Post sous le titre « Sarah Palin sur la politisation de la conférence du climat de Copenhague » que « Le Climategate a exposé un cercle de scientifiques hautement politisé » fait « d’‘’experts’’ qui manipulent des informations pour « cacher le déclin » des températures terrestres » dans un cadre de « fraude ». (Il est intéressant de constater comment des politiciens accusent constamment les scientifiques d’essayer de politiser cette question… alors que ce sont en fait eux qui le font !). Elle conclut que « Manifestement ce scandale remet en question les propositions mises en avant au sommet de Copenhague. J’ai toujours pensé que la politique devrait être basée sur de la science valable, et non des opinions politiques. Sans science à laquelle on puisse faire confiance les américains devraient être méfiants de ce qui va sortir de cette conférence politisée. ».
A participé à la conférence de Copenhague une délégation du Sénat des Etats-Unis. Un de ses membres éminents en est le sénateur James Inhofe, l’ancien président du United States Senate Committee on Environment and Public Works (Commission de l’environnement et des travaux publics du Sénat des Etats-Unis) qui estime que le problème du réchauffement climatique est « la plus grande imposture jamais perpétrée contre le peuple américain ». Il a reçu plus de 800 000 dollars américains (600 000 euros) de l’industrie pétrolière rien que pour la période 2008 à 2010.Au sein de la conférence son argumentation mettait en avant des mensonges similaires à ceux de Sarah Palin, entre autres aussi qu’un déclin imaginaire dans les températures aurait été masqué par les climatologues.

DES MENACES DE MORT
Un autre fait curieux sont les menaces - y compris de mort - qui sont régulièrement faites à des scientifiques publiant des articles allant à l’encontre des intérêts de l’industrie pétrolière. Certains de ces chercheurs sont également victimes de manœuvres tentant de les discréditer. Des enquêtes menées par la police et le FBI sont actuellement en cours par rapport à certains de ces cas.
Un grand nombre de personnes, en particulier dans l’industrie, ont intérêt à contrôler l’information et la désinformation diffusées par les médias afin de garder un contrôle sur les décisions qui les concernent par l’intermédiaire de l’opinion publique ainsi que sur la vision des politiciens, ceux-ci prenant connaissance de la situation essentiellement grâce aux journaux, la télévision, etc. La stratégie générale est la même que celle qui avait été appliquée dans le passé par d’autres entités face à des problématiques similaires, par exemple en ce qui concerne le lien entre le tabagisme et le cancer du poumon. Ce genre de méthodes d’action est d’ailleurs théorisé dans l’industrie, comme ceci a été le cas de Philip Morris qui a établi un schéma de subversion politique intitulé « Programme de PM (Phillip Morris) pour influencer les décisions législatives » en 1992. Comme en rapport avec la question du changement climatique, le but de ces industries n’était pas d’emporter le débat scientifique et de démontrer la non dangerosité de leurs produits mais de répandre la confusion par rapport à ces sujets. Comme l’explique une note interne de Brown & Williamson (une compagnie du secteur du tabac qui produisait entre autres les cigarettes Lucky Strike) vers 1969 « Le doute est notre produit, car il s’agit du meilleure moyen de combattre le ‘’corps des faits’’ présent à l’esprit du grand public. C’est également la façon d’établir une controverse. ». L’industrie pétrolière joue habillement avec l’incompétence des journalistes en ce qui concerne le climat ainsi que leurs normes qui consistent en la recherche constante de sujets nouveaux et une volonté de donner la parole à des contradicteurs quoi soient des êtres humains et non des institutions. « Une partie des médias est contreproductive en ce qui concerne leur apport à la compréhension du public en ce qui concerne la climatologie. Ce qu’ils font en réalité est d’embrouiller ses idées. » remarque le Dr. Timothy M. Lenton, un chercheur qui étudie le climat et ses liens avec la biosphère à l’University of East Anglia (Université de l'Anglia de l'est) au Royaume-Uni.
Ces questions peuvent devenir centrales par rapport à notre capacité de réponse au réchauffement climatique. Par exemple un des points phares de la campagne présidentielle de Barack Obama a été la proposition de créer un marché du carbone généralisé aux Etats-Unis d’Amérique. (Il en existe déjà un en Europe. Le principe en est que si les industries doivent payer pour leurs émissions de dioxyde de carbone, elles auront alors intérêt financièrement à chercher des solutions pour les réduire. Un tel système avait déjà été mis en place par rapport aux CFC. Ces composés étaient utilisés entre autres dans les congélateurs et réfrigérateurs au niveau de la production de froid. Etant donné qu’ils avaient comme effet de détruire de façon préoccupante la couche d’ozone autour de la Terre, ils furent remplacés par d’autres substances grâce à un tel dispositif. Mais ce problème était bien plus simple que celui du CO2 par exemple de par le fait que le nombre d’acteurs concernés était beaucoup plus restreint. Le marché du carbone a représenté des transactions d’une valeur de plus de 90 milliards d’euros en 2009 et il est en croissance rapide. Mais il est controversé, aussi de par le fait que certains estiment qu’il est dangereux parce qu’il ressemble beaucoup à celui qui avait amené à la crise économique de 2008). Le Sénat des Etats-Unis doit approuver cette initiative. Si les manœuvres des sceptiques fonctionnent et que ce système communautaire d'échange de quotas d'émission n’est pas accepté, l’Union européenne devra revoir ses propres objectifs de réduction à la baisse.

Mais revenons au problème du rôle de notre étoile sur le climat terrestre. Il a été montré qu’à partir de 1985 il existe des évolutions opposées entre cet astre et la température, cette dernière ayant augmenté alors que l’activité solaire a chuté. Sur tout le 20e siècle l’astre du jour n’est responsable que d’environ 7% du réchauffement. Il ne peut donc pas être la cause du changement climatique. Ainsi un autre facteur, les gaz à effet de serre, doit en être la raison.

Gavin A. Smith, qui a été élu comme un des 50 chercheurs les plus importants à l’échelle planétaire par le journal Scientific American, estime que « Les idées de Sorokhtin, Chilingar et Khilyuk n’ont aucun sens. Pour en citer le niveau d’aberration, ceci reviendrait pour la théorie de la gravité à prétendre qu’elle est due à la succion d’une hypothétique tortue géante. ».


                                                                   Gaëtan Dübler


[1] Les citations dans cette partie proviennent du livre Global Warming and Global Cooling, Evolution of Climate on Hearth (Réchauffement et refroidissement globaux, évolution du climat terrestre) aux éditions Elsevier signé par les trois scientifiques susmentionnés. 


[2] Pour plus d’informations sur le cycle de l’azote et l’influence de l’homme sur ce dernier, voir par exemple Galloway et al., 2003, 1995 ; Burns et Hardy, 1975 ;Jaffe, 1992 ; McElroy et al., 1976 ; Schlesinger et Hartley, 1992 ; Stedman et Shetter, 1983 ; Söderlund et Svensson, 1976, Mackenzie, 1998.