L’effet de serre est mal nommé !
Pourtant, cette analogie est erronée. La raison pour laquelle la température augmente à l’intérieur de la boîte ou la serre est que l’air y est confiné. On peut se rendre compte de ceci en ouvrant une fenêtre dans une serre: la température diminue alors jusqu’à être identique à celle de l’extérieur. Dans le cadre de l’effet de serre de l’atmosphère, celui-ci vient du fait que cette dernière laisse entrer la lumière solaire mais filtre le rayonnement infrarouge comme nous allons le voir ci-après. Une vitre n’a pas de telles propriétés. L’effet de serre est donc mal nommé !
Pourtant, ce modèle alors accepté comme valide, la question était comment l’atmosphère joue-t-elle le rôle de la vitre ? C’est précisément à cette question que devait répondre les expériences que notre scientifique de la Royal Institution, John Tyndall, avait mit au point.

Une lumière invisible

Par hasard un thermomètre était posé sur sa table de travail, mais à côté du spectre, c'est-à-dire la décomposition de la lumière en couleurs. Quelle ne fut la surprise pour ce scientifique de voir la température indiquée par cet instrument grimper en flèche… alors que la lumière ne l’atteignait pas ! Sir Herschel réalisa ensuite que le thermomètre se trouvait juste au-dessus de la partie rouge du spectre -que l’on voit sur notre image en haut du rayon qui a traversé le prisme - . Il en déduisit qu’il devait y avoir, au-delà du rouge, une lumière invisible qui transporte la chaleur. C’est ce que nous appelons actuellement la lumière infrarouge. Si cette lumière n’est pas perceptible pour l’être humain, elle l’est pour d’autres animaux comme certains serpents grâce à des recepteurs se trouvant sur leur tête. Etant donné que, après que le soleil ait chauffé la Terre, celle-ci émet cette chaleur sous forme de lumière infrarouge, John Tyndall devait utiliser cette dernière pour mesurer quelle était l’absorption de chaleur de différents gaz constituant notre atmosphère. Comment générer une telle lumière ? La réponse est étonnamment simple : tout corps chaud en émet.

On comprend dès lors pourquoi certains reptiles peuvent détecter la lumière infrarouge: ceci leur permet de parfaitement localiser leurs proies, et ce même au sein de la nuit la plus noire. Mais revenons à l’expérience de John Tyndall. Pour générer de la lumière infrarouge il va donc créer un corps chaud en mettant de l’eau chauffée dans un récipient. Un tel dispositif s’appelle un cube de Leslie parce qu’il a été mit au point par un physicien anglais, Sir John Leslie (en 1804).

Le mécanisme de l’effet de serre élucidé
Sur l’image, à gauche sur le meuble de gauche, on voit un cube sous lequel se trouve un bec Bunsen. Il s’agit d’un cube de Leslie (la ‘’tringle’’ qui en sort est un thermomètre pour mesurer la température de l’eau). On remarque un élément similaire monté à droite, à l’extrémité du long tube horizontal. Dans ce dernier se trouve le gaz dont on veut étudier l’absorption de chaleur. Ces extrémités sont fermées avec un matériau transparent afin d’y confiner le fluide étudié tout en laissant la lumière infrarouge émise par le deuxième cube de Leslie traverser cette structure. On voit sur le meuble de droite un objet composé d’un support et de deux cônes. Il s’agit d’une thermopile. Qu’est-ce que c’est que ça ? A l’intérieur se trouve une bobine de fil particulière qui a la propriété, si on en chauffe une partie, de créer de l’électricité. (Ce type de piles connaît certaines applications de nos jours, par exemple pour alimenter des processus industriels nécessitant rapidement des quantités importantes d’électricité. Mais ce phénomène n’est pas utilisé à grande échelle à cause de son mauvais rendement). Dans notre expérience, la lumière infrarouge venant des cubes va entrer par les cônes de la thermopile. Plus la différence de température est importante entre les deux côtés, plus elle va générer d’électricité. Elle est connectée par des fils à un autre instrument posé sur le tabouret : il s’agit d’un galvanomètre, un dispositif capable de mesurer les courants électriques. Donc plus le gaz dans le tube va absorber de chaleur, plus la différence de température dans la thermopile va être importante et plus elle va générer de courant. Ce dispositif nous permet donc de mesurer l’absorption de chaleur d’un gaz. (Au niveau des autres instruments utilisés dans cette expérience, on voit à droite de la thermopile un écran. Les autres servent à générer les fluides d’intérêt).
Quels furent les résultats de cette expérience ? Parmi les gaz parfaitement translucides et invisibles constituant notre atmosphère, certains absorbent de la chaleur une fois traversés par de la lumière infrarouge ; il s’agit de la vapeur d’eau et du dioxyde de carbone. Il y a donc quelque 150 ans, le mécanisme de l’effet de serre était élucidé !
Vers une élévation de la température ?
Pourtant, à l’époque, si cette théorie était vue comme ayant un intérêt pour expliquer les glaciations passées par des variations de la concentration de CO2 dans l’atmosphère, elle ne semblait pas être intéressante par rapport au climat contemporain. Ce n’est que 72 ans plus tard, en 1896, que deux scientifiques suédois, un géologue, Arvid Högbom et un chimiste, Svante Arrhenius, firent des estimations pour arriver à la conclusion que le C02, généré par la combustion du charbon, pourrait amener à une élévation de la température terrestre. Pourtant ceci n’apparut pas à l’époque comme dangereux, étant donné qu’avec les quantités de dioxyde de carbone générées, il aurait fallu beaucoup de temps avant d’arriver à une situation problématique. De plus, pour des scientifiques d’un pays nordique, une élévation de température aurait été plutôt bienvenue. L’idée naquit de modifier délibérément le climat terrestre. Le physicien allemand Walter Nernst, prix Nobel, avait proposé de faire brûler du charbon inutile afin de réchauffer le globe !
Dans les années qui suivirent, le CO2 continua à être perçu comme inoffensif. En effet, beaucoup pensaient que les océans pouvaient absorber le dioxyde de carbone qui était rejeté dans l’atmosphère. Rapidement, un autre mécanisme de régulation de la nature fut proposé : si les océans contiennent plus de CO2 que l’atmosphère, il en va de même avec la matière vivante. Il était donc estimé que même si l’eau n’était pas capable d’absorber tout le CO2 émis, la végétation s’en chargerait. L’idée est qu’une élévation de la concentration de dioxyde de carbone atmosphérique fait que les plantes poussent plus rapidement. Celles-ci utilisant le CO2 pour la photosynthèse, plus de plantes feraient que plus de CO2 disparaîtrait de l’atmosphère et tout reviendrait finalement à la normale.
Pourtant, en 1938 un ingénieur anglais du nom de Guy Steward Callendar réalise que la concentration de dioxyde de carbone et la température augmentent. Cette constatation allait raviver l’intérêt des scientifiques pour cette question et les mesures de la concentration de CO2 atmosphérique allaient progressivement être perfectionnées à partir de 1960. Les relevés de la température terrestre allaient également voir une évolution. A la fin des années 70, les satellites se mettent sur cette tâche. D’autres axes de recherches vont apparaître comme l’étude des variations du CO2 atmosphérique passées et ses implications sur le climat.
La mémoire du Magnolia
Par exemple les années 90 virent des travaux s’intéressant à des plantes qui ont peu évolué depuis l’époque des dinosaures, comme le Magnolia.
Une fleur de Magnolia. Comme ces plantes se développèrent alors que les abeilles n’existaient pas, elles sont conçues pour être pollinisées par des coléoptères ! (Les coléoptères sont des insectes, telles les coccinelles, qui se distinguent par leurs ailes particulières. C’est l’ordre des animaux qui regroupe le plus d’espèces).
Si ces plantes sont exposées à des taux de C02 important, la structure de leurs feuilles va être différente. Les fossiles révélèrent de telles modifications. Etant donné qu’à l’époque des dinosaures les climats étaient généralement plus chaud qu'aujourd'hui, ceci confirme qu’un taux de dioxyde de carbone important y était associé.
Avec le temps la vision de l’effet de serre s’est complexifiée bien que celle popularisée dans les médias depuis les années 60 corresponde à celle faite par Joseph Fourrier. Plus précisément, le rayonnement infrarouge émis par le sol va, au cours de sa traversée de l’atmosphère, être progressivement filtré. A mesure que cette lumière monte, une partie sera absorbée par l’air qui ainsi se chauffe. Celui-ci se met lui-même à émettre de la lumière infrarouge dans toutes les directions, qui chauffe à son tour de l’air, etc. Il convient alors de se représenter l’atmosphère comme une juxtaposition de tranches. Seulement au niveau de la tranche supérieure de la troposphère (couche de l’atmosphère allant du sol jusqu’à une altitude de 6 à 20 km suivant les emplacements) cette lumière part dans l’espace. (Les couches supérieures jouent un rôle négligeable dans ces phénomènes). Que se passe-t-il si on augmente la concentration de C02 dans l’atmosphère ? Cette dernière tranche contiendra plus de dioxyde de carbone, ce qui va faire que la lumière infrarouge aura plus de difficulté à la traverser. Ceci diminue la quantité de cette lumière émise par la Terre. Cette tranche chauffe donc, émet de la lumière infrarouge, qui chauffe les tranches inférieures, qui se mettent elles-mêmes à émettre de la lumière infrarouge, ... C’est ainsi que toute l’atmosphère se réchauffe.
L’intérêt de ce modèle, utilisé pour les simulations informatiques de l’évolution de la température dans le futur, est de voir qu’au niveau du réchauffement tout va être conditionné par la dernière tranche de la stratosphère. C’est elle qui détermine combien de lumière infra rouge part dans l’espace. C’est de cette tranche que dépend le refroidissement ou le réchauffement de notre planète bleue.
Gaëtan Dübler
3 commentaires:
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